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Au fin fond d’un village pygmées perdu dans la forêt équatoriale, un sauveur de vies humaines en danger de mort !

Angeline Mombi, l'assistante accoucheuse pygmée

De taille moyenne au visage ouvert, des dents pointues et un teint chocolat clair, Angeline Mombi ne sait jamais lire, ni écrire et n’a jamais appris la médecine. Aujourd’hui, elle est la sauveuse de ses concitoyennes pygmées, pendant les accouchements. Nous sommes dans le village de Ka â Ka, perdu dans la grande forêt équatoriale de la Lobaye, à plus de 150 Km de la capitale centrafricaine Bangui, dans la préfecture de la Lobaye.

Angeline, une trentaine, a fait son premier pas dans l’assistance en accouchement à 18 ans « il y a de cela plus de 15 ans », explique-t-elle, lorsque « les sœurs de la religion catholique du diocèse de Mbaïki faisaient leur entrée chez nous, dans le but de nous évangéliser », dit-elle. « J’étais jeune lorsqu’une sœur à moi avait de la peine à accoucher en pleine nuit, et que je l’ai aidé à mettre au monde », précise-t-elle.

Le début hasardeux d’une longue carrière

Après ce geste « incroyable » d’Angeline, les missionnaires catholiques ont vu en elle, un talent qui pourra servir à ses concitoyennes, vu qu’à l’époque, il est difficile que les populations non pygmées puissent accoucher les femmes pygmées, même dans les centres de santé. La jeune femme de l’époque sera coptée et suivra des formations sur le tas, par ces missionnaires, d’origine française.

« De là, j’ai commencé à voyager, jusque même dans la capitale centrafricaine, pour apprendre davantage », explique-t-elle. La pratique se joint aussitôt à la théorie et « tout tournait comme sur une roulette pour moi », dit-elle en souriant.

« Les gens qui nous méprisaient commençait à a voir besoin de nous »

Angeline Mombi accompangée de sa patiente et ses deux enfantsUne fois avoir les mains liées à la pratique accoucheuse, Angeline a compris qu’en matière de santé, « il ne faut pas seulement sauver du danger les siens, mais tout le monde », affirme-t-elle. Elle renchérit que même « les gens qui nous méprisaient commençait à avoir besoin de nous ». Elle fait allusion ici, aux refus des populations non pygmées de soigner les pygmées, dans le temps.

Angeline est recrutée et travaille actuellement dans le centre de santé villageois de Ka â Ka où elle assiste les femmes qui vont accoucher. Elle bénéficie d’un salaire de catéchiste. Ce sont souvent les parents des accouchées qui paient la bonne dame. Elle accouche souvent les femmes dans sa case, où chez elle dans la mesure où ces femmes n’ont pas la possibilité de se déplacer. Elle en est fière et ne se préoccupe pas du coté finance, car « je suis parmi les miens », affirme-t-elle tout bas.

La dignité pygmée selon Angeline

Angeline Mombi a trois enfants et un mari tous pygmées. « A cause de mon travail, il y avait certains hommes non pygmées qui me faisaient la cour, mais je n’aime pas me marier avec ces hommes de peur que mes parents me rejettent et je me retrouve un jour dans une ville », martèle la jeune femme qui devient aussitôt rouge. Les pygmées considèrent comme déviant, tous ceux qui sortent de la brousse pour se faire marier en ville.

Le soir, on peut voir Angeline danser le « Héloma », en compagnie des autres pygmées du village

Malgré ce rôle que joue Angeline et qui fait d’elle une célébrité au village de Ka â Ka, « je continue toujours à aller en pêche, faire de cueillette et pendant la période des chenilles, ramasser avec toutes autres femmes pygmées ».

Confirmation de l’affirmation d’Angeline. Le soir en claire de lune, on peut la voir danser le « Héloma », une danse pygmée, en compagnie de tous les autres pygmées, hommes et femmes du village de Ka â ka.

Ce qui fait que « je ne peux pas quitter là où je suis, car ici je suis vraiment chez moi, même si on me propose tout le luxe ailleurs », conclut-elle avec un morceau de Bââ Benzeli, une chanson pygmée qui se perd dans sa gorge.

Catégories :Société
  1. 22 août 2011 à 15 h 10 min

    Joli article, Hip… et joli blog aussi. Je mets un lien sur le mien. A+. Gaël

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